Test de Grandia HD Collection

L’aventure est un mot chargé de sens, qui prend souvent des significations différentes selon la personne qui l’utilise.

L’aventure peut être un appel séduisant vers des mondes inexplorés où l’on se découvre soi-même.

Elle peut être un périple où la camaraderie des compagnons rend ces expériences périlleuses non seulement supportables, mais également pleines de sens.

Dans le cas de Grandia et Grandia II, ces expériences se chevauchent, souvent au sein de chaque jeu.

Mes expériences avec Grandia étaient incertaines, car cela fait des décennies que ces deux jeux de rôle emblématiques ne sont plus sortis sur consoles.

En tant que critique, plonger à nouveau dans ces jeux est une véritable aventure.

Celle qui consiste à redécouvrir mon amour pour un titre culte, ou au contraire, à réaliser si le jeu a su résister à l’épreuve du temps ou s’il s’est simplement estompé dans les brumes de la nostalgie.

La Grandia HD Collection facilite cela, en regroupant deux épopées de plusieurs dizaines d’heures chacune, désormais disponibles sur Xbox, PlayStation 4 et 5.

Avec cette mise à jour, Grandia bénéficie d’une plus grande visibilité que jamais, et je peux explorer ces jeux longtemps après leur apogée sur les consoles Sega.

The Hero’s Journey

Malgré deux intrigues assez différentes et des tonalités radicalement opposées, les deux volets de Grandia mettent en scène un protagoniste masculin complexe qui rassemble autour de lui un groupe de compagnons.

Dans le domaine des jeux de rôle japonais (JRPG), il s’agit d’un trope assez courant, tout comme leurs appels respectifs à l’aventure.

Justin, le protagoniste du premier jeu, vit dans une société qui admire la Guilde des Aventuriers.

Il voit l’adhésion à cette guilde comme un moyen d’atteindre un but, car il veut devenir un grand aventurier comme son père et son grand-père avant lui.

Justin est un jeune garçon idéaliste, noble et héroïque de 14 ans dont la naïveté est rapidement compensée par son optimisme inébranlable.

Cela lui vaut l’admiration des membres de son groupe et même de son premier amour.

L’appel à l’aventure de Justin se traduit par une fugue loin de chez lui pour s’aventurer au-delà de la mystérieuse Fin du Monde.

De son côté, Ryudo, protagoniste de Grandia II, est presque l’opposé de Justin.

C’est un Geohound pragmatique et quelque peu sardonique, un mercenaire censé remplir ses contrats sans poser de questions.

Les plus grands obstacles de Ryudo, vous vous en rendrez compte, résident dans des problèmes de confiance latents, qui se manifestent lorsqu’il rencontre et interagit avec de nouveaux membres du groupe.

C’est un adolescent angoissé et endurci dont la tâche initiale est de protéger Elena, une chanteuse de l’Église de Granas.

Une tragédie déchirante complique leur mission, et bientôt Ryudo se retrouve inextricablement lié à Elena tout en développant un sens du devoir.

Two Sides of the Same Grandia Coin

Les deux histoires sont captivantes, séduisant rapidement les joueurs, bien que le premier Grandia garde mon cœur et ne le lâche jamais.

L’aspect particulièrement merveilleux de l’histoire de Justin, en plus de rencontrer la fille de ses rêves et de la conquérir rapidement, est son passage à l’âge adulte.

Les joueurs grandissent aux côtés de Justin dans cette histoire intemporelle d’un garçon découvrant un monde vaste au-delà de son imagination.

Même face à la cruauté et à la destruction, Justin reste déterminé et ouvert d’esprit.

Justin compte parmi mes protagonistes de JRPG préférés de tous les temps, un exemple romanesque d’un héros indéniablement bon.

Ryudo, bien que plus bourru, évolue dans une direction similaire, s’ouvrant aux autres et découvrant son empathie.

Il nous représente tous lorsque nous sommes à l’aube de l’âge adulte, en train d’évaluer qui nous voulons être pour le reste de nos vies.

Quand on me demande si je préfère Justin ou Ryudo, je suis tenté de dire « les deux », mais l’essentiel est qu’ils sont tous deux excellents, avec une légère préférence pour Justin.

A Battle System Masterclass

Bien que Grandia I+II ne soient pas les plus grands JRPG de tous les temps à mes yeux (Chrono Trigger remporte cette couronne), ils restent particulièrement forts.

Encore plus que Chrono Trigger, leurs mécaniques de combat vont au-delà des attaques ATB génériques + compétences + magie + objets lancés.

Cependant, j’irais même jusqu’à dire que c’est peut-être mon système de combat préféré parmi tous les JRPG de cette époque.

C’est simple, mais d’une profondeur remarquable.

Chaque jeu intègre intelligemment la position des combattants sur le champ de bataille.

La proximité de votre ennemi peut faire pencher la balance entre réussir ou rater une attaque au corps à corps.

Choisir l’option de défense ne se limite pas à un simple blocage, car vous pouvez choisir de vous protéger ou de vous déplacer hors de la trajectoire de l’ennemi.

Pendant les phases d’Attente, de Commande ou d’Action, vous pouvez effectivement annuler les actions de votre adversaire, mais il en va de même pour lui.

En jouant prudemment et en évitant les embuscades dès le départ, vous pourrez rapidement anéantir vos opposants.

Grandia II a affiné ce système, ajoutant plus de poids et de densité aux combats de boss.

Vous pouvez parfois faire progresser votre magie, vos techniques et vos personnages séparément, ce qui rappelle un peu Fire Emblem.

Some of the Best NPC Interactions Ever

Mais au-delà des systèmes de combat, d’autres mécaniques de JRPG contribuent à la splendeur de Grandia.

Je considère souvent cela comme acquis, mais un JRPG rehausse sa construction du monde grâce à de fortes interactions avec les PNJ.

Grandia I+II le fait magnifiquement, avec des conversations sur mesure même avec des villageois ordinaires.

Et ce, même avant d’évoquer des moments inoubliables comme la lettre de la mère de Justin ou la plupart des rencontres à Gumbo, dont les habitants ont peur de trouver l’amour jusqu’à ce qu’ils vous croisent (pour des raisons malheureuses).

Ces interactions évoluent sensiblement d’un personnage à l’autre, et entre chaque événement majeur.

Il m’arrive rarement de rechercher les villageois avant de faire avancer l’intrigue dans d’autres jeux, mais ici, cela ajoute une impression de réalisme, comme si ces PNJ étaient aussi investis dans l’histoire que vous.

Cela semble incroyablement rare, à part quelques exceptions récentes et merveilleuses comme Baldur’s Gate 3.

Les joueurs semblent plus que jamais enclins à considérer les PNJ comme un obstacle, surtout lorsqu’ils affectent les performances du jeu, comme dans Dragon’s Dogma 2.

Les interactions avec les PNJ sont une force extrêmement rare dans les RPG, car elles sont souvent traitées de façon superficielle.

Lorsqu’elles sont exécutées comme dans Grandia, elles deviennent exemplaires pour donner à l’univers du jeu une impression de véritable authenticité.

The Visuals: Timeless Beauty

À l’origine, Grandia a été produit pour la Sega Saturn, avec un portage ultérieur sur PlayStation permettant à l’Occident d’y jouer.

La version HD de ce jeu combine essentiellement les éléments les plus réussis des deux portages.

De son côté, Grandia II HD est un portage de la version Dreamcast, qui était largement supérieure à ses versions originales PC et PlayStation.

Mais malgré les décennies qui se sont écoulées depuis la sortie de ces jeux, ils conservent des visuels merveilleux, particulièrement dans les moments marquants.

Cela inclut des visuels 3D saisissants pour l’époque, comme une forêt pétrifiée de manière inquiétante et ses habitants.

On y trouve également une belle démonstration des graphismes puissants de la suite sur Dreamcast, ainsi que leurs visuels animés soignés.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas quelques limitations étranges.

Il est parfois choquant de voir certaines des attaques spéciales, plus particulièrement dans Grandia II, qui semblent presque Lynchiennes dans la façon dont elles sont ringardes ou déplacées.

Il y avait certainement des jeux plus fidèles visuellement à l’époque respective de ces Grandia, pourtant chaque jeu exploite pleinement ses ressources.

Le premier opus possède des animations pour ses sprites, qui ne semblent être utilisées que dans une ou deux occasions, apportant une qualité intimiste et détaillée.

Il y a même une séquence de donjon impressionnante que je compare à un mélange entre la Grande Muraille de Chine et la Tour de Babel.

Ces expériences visuelles ont été réalisées en graphismes 32 bits et 128 bits et vieillissent bien par rapport aux jeux modernes.

Enfin, la fluidité et la sensation de jeu de Grandia II sont excellentes et semblent vraiment rehaussées, démontrant à quelle vitesse le jeu s’est amélioré par rapport à son prédécesseur.

The Music: Grandiose Yet Serene

Ayant grandi avec une formation en musique classique, j’ai toujours apprécié les bandes sonores orchestrales grandioses.

Grandia le fait merveilleusement dans ses deux volets, avec des morceaux particulièrement forts comme « Edge of the World » ou « A Deus ».

Il y a une âme dans cette musique, tout à fait familière, retenue dans les moments de solennité, et éclatante dans les moments de triomphe.

Au-delà de la dichotomie des tons dans Grandia I+II, la musique saute dans tant de directions, surtout dans la suite.

Aucune des deux bandes sonores ne ressemble à une soirée guindée à la symphonie, mais plutôt à une expérience de fusion des genres tout en restant ancrée dans le romantisme classique.

Mais ses plus grands moments utilisent la musique pour cajoler votre cœur et ouvrir vos canaux lacrymaux.

Peu de moments sont aussi efficaces que la bande-son de Grandia pour créer une toile de fond sonore qui ne vole pas la vedette.

Ces moments incluent la belle transition de la fanfare de l’aventure en mer à un au revoir sincère et silencieux.

Ceci, et les moments merveilleusement tendres qu’il partage avec Feena lorsque le couple réalise qu’ils pourraient bien être des âmes sœurs, sont parfaitement ponctués de solos de violon éthérés.

Il y a tellement d’autres moments comme celui-ci rien que dans Grandia I avant d’entrer dans les morceaux de genre absolu de Grandia II.

Sérieusement, aussi obsédante et belle que soit la bande-son du premier jeu, la suite a des thèmes de combat incroyables.

Do Grandia I and II Hold Up as Classics?

C’était ma plus grande crainte, surtout lorsque je me plonge dans des jeux si appréciés qui sont nés pendant mon enfance.

Après tout, même les classiques de tous les temps comme Final Fantasy VII semblent un peu datés par rapport à leurs remakes massifs.

Une collection HD est difficile à vendre lorsque les fans pourraient se contenter d’un remake complet à l’échelle de Resident Evil 2.

Mais franchement, ces titres étaient déjà excellents, et grâce à leur finition soignée, ils ont merveilleusement bien vieilli.

Ce fut une aventure de redécouvrir ces classiques et de voir comment ils résistent à l’épreuve du temps.

La musique est toujours aussi puissante, et ses thèmes les plus emblématiques méritent amplement d’être joués dans une salle de concert.

Les graphismes sont suffisamment raffinés pour donner l’impression d’être un produit de leur époque tout en jouant sur leurs atouts uniques.

Les jouer sur la Xbox, longtemps considérée comme le successeur du matériel de Sega, donne l’impression de boucler la boucle.

Ce jeu a des défauts, mais ils sont faciles à ignorer.

Produits des années 90 et 2000, ils ont naturellement un doublage anglais oubliable.

On a un peu l’impression que les acteurs ont été payés pour lire des répliques individuelles et non pour participer à un dialogue.

Cependant, la solution la plus simple est de passer à l’audio japonais, car les acteurs de ce doublage ont plus de talent et de conviction dans leur prestation.

Conclusion: A Welcome Reminder of the JRPG Heyday

Pour quiconque souhaite laisser libre cours à son âme d’enfant en quête d’aventure, cette collection incarne l’essence même d’un envol romantique et fantaisiste.

L’impact émotionnel de ces jeux sur moi est difficile à exprimer. Y jouer s’apparente à un véritable moment digne de Disney, comme lorsqu’Anton Ego goûte pour la première fois la ratatouille. Cela m’a instantanément transporté dans mon enfance de manière touchante.

Cette collection est sublime non pas parce qu’elle répond à des normes élevées et aux attentes changeantes du paysage vidéoludique moderne, mais parce qu’elle est un amalgame d’expression artistique et de passion.

Dans Grandia HD Collection, les PNJ sont des atouts, pas des obstacles. La musique, bien que magnifique, sert de toile de fond et vous permet de vous concentrer sur les mondes variés du jeu.

Les personnages de chaque jeu sont attachants ; le premier opus offre un meilleur protagoniste, tandis que le second possède un casting secondaire supérieur.

Les systèmes de combat restent singuliers à ce jour, et ces jeux sont désormais pleinement accessibles à tous les principaux marchés du jeu vidéo.

Cette collection est intemporelle pour les connaisseurs de classiques, et essentielle pour ceux qui recherchent un JRPG vraiment unique.